Aller au contenu principal
11 mars 2025

[Face aux crises, agir plutôt que subir : Pourquoi le fatalisme ne passera pas

Nous traversons une période marquée par des bouleversements incessants : crises climatiques, tensions sociales, chocs énergétiques. Face à ces défis, le découragement guette. L’actualité internationale et les orientations prises par les grandes puissances, souvent soutenues par des intérêts économiques, donnent parfois l’impression que nos efforts individuels sont insignifiants face à un système implacable. Les grandes puissances semblent se concentrer sur des solutions de court terme, souvent imprégnées de logiques économiques et politiques qui négligent la durabilité environnementale à long terme. Plus alarmant encore, le débat sur des enjeux cruciaux comme la transition écologique semble reculer. Absorbée par d’autres urgences — crises sanitaires, inégalités sociales, tensions géopolitiques — la question environnementale est trop souvent reléguée au second plan. Or, sans débat, comment espérer trouver des solutions durables ?

 

 

Refuser le fatalisme : préférer l’action et le débat

 

Il est tentant de se laisser gagner par le découragement : “À quoi bon agir quand on voit ce qui se passe ailleurs ? Les grandes puissances sont incapables de s’entendre sur des solutions globales. Pourquoi mon action individuelle ferait-elle la différence ?” Pourtant, cette résignation est le principal frein au changement. Le fatalisme est une impasse qui paralyse plutôt que d’inspirer des solutions. Une vision selon laquelle l’avenir est déjà joué, et que nos gestes n’ont aucune importance nous empêche de voir que, paradoxalement, ce sont ces mêmes gestes collectifs, portés par des citoyens impliqués à la base, qui peuvent initier de véritables changements.

Les crises actuelles peuvent donner l’impression que nos actions individuelles sont trop modestes. Pourtant, les grandes transformations commencent souvent à l’échelle locale, à travers des projets portés par les citoyens eux-mêmes.  Le modèle ascendant (bottom-up) met en lumière l’idée que le changement ne doit pas nécessairement venir des autorités ou des institutions dominantes, mais peut émerger des communautés elles-mêmes. Il repose sur l’implication directe de la base, en partant des réalités locales et des besoins spécifiques des citoyens.

 

Les grassroots initiatives, dans le cadre du changement climatique, incarnent parfaitement cette approche. Ces initiatives ne se contentent pas de rêver d’un monde meilleur ; elles agissent concrètement, souvent à une échelle modeste, mais toujours avec un impact significatif. Elles sont nées du désir des citoyens de prendre leur destin en main, et elles démontrent que des solutions concrètes peuvent émerger d’en bas, sans attendre une hiérarchie politique ou économique. C’est un modèle largement diffusé aux Pays-bas dans les initiatives sociales et écologiques, et notamment dans le domaine de l’énergie à travers le modèle des coopératives d’énergie citoyenne. Plutôt que de se contenter d’attendre une action gouvernementale ou les grandes entreprises, des citoyens se sont unis pour créer leur propre alternative énergétique verte et solidaire. Un modèle bottom-up, qui redéfinit le secteur énergétique national tout en essayant d’apporter des solutions à une crise écologique bien ressentie dans ce pays.  Ce type d’initiative de base montre qu’il est possible de transformer des systèmes profondément ancrés en agissant à l’échelle locale, sans attendre un changement imposé par les grandes institutions. La transition écologique, la réduction des émissions de CO2 et les changements de mode de consommation ne se décrètent pas uniquement d’en haut ; ils se construisent sur le terrain, grâce à la mobilisation collective.

 

Briser l’isolement face aux doutes

 

Dans un monde de plus en plus polarisé, où les débats sur l’environnement semblent s’éloigner des préoccupations immédiates des citoyens, beaucoup se sentent seuls face à leurs interrogations : “Comment agir face à ces crises multiples ? Comment avoir un impact ?” Ce sentiment d’isolement est trompeur. De nombreux citoyens se posent les mêmes questions, sans avoir conscience de leur potentiel force collective. La force du changement n’est pas dans la solitude ; elle réside dans l’action collective. Et ces mouvements, souvent à l’échelle locale, ont un pouvoir bien plus important que ce que l’on pourrait imaginer. C’est en unissant les efforts, à travers des espaces comme les forums communautaires ou les groupes de discussion, qu’un dialogue peut émerger pour faire avancer les choses, par la prise de décisions collectives.

 

Accompagner, expliquer, fédérer

 

En tant que cabinet de concertation, notre rôle est de faciliter ce dialogue. Nous écoutons les inquiétudes, analysons les enjeux et créons des espaces de discussion ouverts. Loin d’apporter des solutions toutes faites, nous souhaitons favoriser l’émergence d’idées adaptées aux réalités locales. Ce travail de dialogue est indispensable pour stimuler l’engagement des citoyens et les amener à prendre part à des projets locaux.

Nous croyons fermement que le dialogue est indispensable pour comprendre les enjeux, présenter différentes perspectives et encourager la compréhension mutuelle. C’est ainsi que naissent des solutions durables. Cela permet de rassurer, d’expliquer les problématiques complexes, et de montrer que l’action collective, qu’elle soit locale ou globale, est possible.

Oui, le contexte est difficile. Oui, les progrès peuvent sembler lents. Mais renoncer à agir, c’est accepter l’immobilisme. L’avenir dépend de choix partagés, de décisions coconstruites et de notre capacité à travailler ensemble sur des projets vertueux.

 

Par Hugo BERROCHE, consultant confirmé, Demopolis Concertation

 

Publication à retrouver en ligne : https://www.linkedin.com/posts/demopolis-concertation_ia-concertation-activity-7294738091813015552-dpxd?utm_source=share&utm_