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16 mai 2025

ÉNERGIES RENOUVELABLES : COMMENT SORTIR DE L’IMPASSE DU REJET LOCAL ?

En France, la transition énergétique est une priorité affichée dans la lutte contre le dérèglement climatique, mais sa mise en œuvre rencontre de nombreux obstacles. Pourtant, alors que la majorité des citoyens affirme soutenir l’essor des énergies renouvelables, de nombreuses résistances apparaissent lorsqu’il s’agit de les implanter sur leur territoire. Ce paradoxe, loin d’être anecdotique, reflète des enjeux multiples : opposition locale, coûts économiques, impact environnemental, manque d’accès à l’information et clivages politiques. Comment expliquer ce rejet et surtout, comment y remédier ?

1. L’opposition locale : le syndrome NIMBY

Le “NIMBY” (Not In My Backyard) est un phénomène bien connu : si les Français soutiennent les énergies propres[1], 61% s’exprimant pour un développement plus ambitieux des énergies renouvelables dans leur région, ils sont nombreux à refuser leur installation près de chez eux. Contrairement à ce que sous-entend le nom de ce syndrome, les personnes « NIMBY » se mobilisent plutôt dans un intérêt collectif que personnel.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, certains riverains dénoncent le bruit et l’impact visuel des éoliennes, soulignant une altération du paysage et de leur qualité de vie. En Bourgogne Franche-Comté, plusieurs communes ont annulé des projets par crainte d’une dégradation du paysage touristique[2]. Au-delà du simple inconfort, ces oppositions traduisent une inquiétude plus profonde : la crainte d’une perte de cadre de vie et d’un sentiment de non consultation des habitants.

Ce rejet est également alimenté par un manque de compensation perçue pour les territoires accueillant ces infrastructures. Certains acteurs locaux réclament davantage de bénéfices directs, comme des réductions sur les factures d’électricité ou des fonds pour financer des projets locaux. À l’inverse, d’autres pays comme le Danemark ou l’Allemagne ont mis en place des mécanismes de redistribution des bénéfices des énergies renouvelables, ce qui a renforcé leur acceptabilité sociale.

Notre réponse. Demopolis Concertation intervient en médiateur des échanges entre riverains et porteurs de projets. Grâce à des ateliers participatifs et des concertations ouvertes, nous facilitons le dialogue entre les habitants et les porteurs de projet sur les impacts et bénéfices des infrastructures. Nous travaillons également à mettre en place, avec le territoire, des mécanismes de compensation adaptés aux réalités locales pour renforcer l’adhésion locale au projet et le sens du projet pour les acteurs locaux.

2. Des résistances économiques et des coûts contestés

La transition énergétique implique des investissements massifs, que ce soit pour l’installation ou la maintenance des infrastructures. Certains experts considèrent que l’éolien et le solaire sont “sur subventionnés”, augmentant in fine la facture des contribuables [3]. Cette perception fragilise l’adhésion populaire à la transition énergétique.

L’intermittence des énergies renouvelables est un défi majeur : contrairement aux centrales nucléaires ou thermiques qui produisent en continu, l’éolien et le solaire dépendent des conditions météorologiques. Cela nécessite des solutions de stockage et de gestion du réseau plus complexes et coûteuses, comme le développement de batteries ou la conversion en hydrogène.

Le développement de projets d’énergie renouvelable est donc coûteux, et demande des investissements importants, rentabilisés uniquement sur le long terme. Bien que certains projets ouvrent leur capital aux particuliers, la plupart du temps, les retombées économiques des projets au local sont vues comme non suffisantes.

Notre réponse. Nous accompagnons les collectivités et les entreprises dans la communication autour des investissements liés aux énergies renouvelables. En développant des argumentaires transparents et accessibles sur le financement des projets, nous permettons une meilleure acceptation des coûts et un débat éclairé sur les modèles économiques viables.

3. Un impact environnemental pas toujours vertueux

Si les énergies renouvelables sont souvent présentées comme des solutions durables, elles ne sont pas sans conséquences. Les parcs éoliens perturbent certaines espèces d’oiseaux migrateurs. La fabrication de panneaux solaires nécessite des terres rares, avec des impacts écologiques non négligeables.

Dans les Cévennes notamment, l’implantation d’éoliennes fait l’objet de vives critiques de la part d’associations environnementales[4]. Dans le Massif central, l’utilisation de terres agricoles pour le photovoltaïque suscite des tensions.

Une autre critique porte sur le démantèlement des infrastructures en fin de vie. Les éoliennes, par exemple, sont difficiles à recycler, notamment leurs pales en composite. Des efforts sont en cours pour développer des matériaux plus écologiques et des façons de réutiliser les parties non recyclables, mais la question du recyclage demeure un enjeu majeur pour l’avenir des renouvelables.

Notre réponse. Nous facilitons la prise en compte des préoccupations environnementales dès la phase de conception des projets. Par des dialogues avec les associations écologistes, des études d’impact collaboratives et des solutions d’atténuation intégrées, nous aidons à coconstruire des projets plus respectueux de la biodiversité et du cadre de vie.

4. Un manque de pédagogie et de transparence

Une grande partie des citoyens se sentent insuffisamment informés sur les projets énergétiques, ce qui alimente la défiance et la désinformation. En Normandie, des citoyens pointaient un manque d’information sur l’énergie éolienne alors que des parcs étaient en développement sur leur commune[5].

Sur de nombreux projets, des citoyens sceptiques s’interrogeaient sur l’efficacité réelle des projets développés. L’absence d’un dialogue clair et accessible renforce la crispation et le rejet, comme l’avait développé le Conseil Économique, Social et Environnemental lors d’une étude en 2022[6].

Il est crucial de développer des initiatives pédagogiques pour accompagner cette transition. Des campagnes d’information, des visites de sites de production ou encore des plateformes interactives expliquant le fonctionnement des énergies renouvelables peuvent contribuer à une meilleure compréhension et adhésion du grand public.

Notre réponse. Nous développons des dispositifs pédagogiques innovants : plateformes numériques interactives, réunions publiques avec experts indépendants et supports de vulgarisation. En favorisant une information claire et compréhensible, nous aidons les citoyens à mieux appréhender les enjeux énergétiques et à prendre part aux décisions.

5. Un débat politique polarisé

La transition énergétique divise le paysage politique. Les écologistes militent pour une transition rapide, tandis que d’autres partis appellent à la prudence économique.

Dans le Grand Est, des élus conservateurs refusent des projets photovoltaïques sur des terres agricoles, estimant qu’ils créent plus de tensions qu’ils ne résolvent de problèmes[7]. Ce clivage politique entretient l’ambivalence de l’opinion publique.

Cette opposition dépasse souvent la simple question énergétique et devient un marqueur idéologique. L’éolien et le solaire sont parfois perçus comme des symboles d’une politique environnementale jugée trop interventionniste, tandis que le nucléaire est défendu comme un modèle de souveraineté énergétique. Cette polarisation rend difficile la mise en place d’une stratégie énergétique cohérente et concertée.

Notre réponse. Nous agissons comme médiateur neutre entre les différentes sensibilités politiques et les acteurs du territoire. En animant des discussions ouvertes et en favorisant des approches collaboratives, nous contribuons à dépasser les clivages et à identifier des solutions partagées pour une transition énergétique pragmatique et efficace.

Vers une transition énergétique coconstruite et appropriée

“Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas des hommes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose… Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes le désir de la mer infinie.” — Antoine de Saint-Exupéry

Face à ces obstacles, une évidence s’impose : la transition énergétique doit être construite avec les citoyens et non contre eux. L’acceptabilité sociale des projets passe par la concertation, l’information et la transparence.

C’est dans ce contexte que Demopolis Concertation joue un rôle clé en rendant les projets plus inclusifs et mieux compris par les populations concernées. En favorisant des processus de co-construction, en impliquant les citoyens dès la conception des projets, et en veillant à une véritable appropriation locale, l’agence accompagne les initiatives énergétiques pour en faire des leviers d’adhésion collective. Une transition énergétique réussie repose sur une implication profonde des acteurs du territoire et une communication accessible. Ce n’est qu’en construisant ensemble ces projets que nous pourrons transformer les réticences en véritable engagement pour un avenir durable.

Par Romane VALIGNAT, consultante confirmée, et David HEINRY, associé et président de Demopolis Concertation (mai 2025)


[1] Enquête : 8 français sur 10 sont favorables au développement des énergies renouvelables sur leur territoire. France Renouvelables, 2024.

[2] L’Est Républicain, 2025

[3] Le Figaro, 2016.

[4] Midi Libre, 2023

[5] Overblog, 2021

[6] Acceptabilité des nouvelles infrastructures de transition énergétique : transition subie, transition choisie ? CESE, 2022.

[7] L’Union, 2021.